DERRIÈRE LES CHIFFRES, LE CHOC SILENCIEUX DE LA DÉPRESSION FAMILIALE ET POST-PARTUM PATERNELLE

Quand les chiffres parlent, c’est souvent pour dire ce que les silences taisent.

La dépression, ce mot qui glace, est souvent associée à la solitude, à l’effondrement d’un individu. Mais lorsqu’elle s’immisce au sein d’une famille, elle devient systémique, contagieuse, presque invisible. Elle réorganise le quotidien, déséquilibre les relations, isole ceux qui souffrent et ceux qui tentent de comprendre.

Et pourtant, on parle encore trop peu de la dépression post-partum paternelle, ce choc silencieux que vivent des milliers d’hommes dans l’ombre de la naissance.

Des chiffres qui dérangent

Selon l’Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance (ELFE), environ 10 % des pères connaissent des symptômes dépressifs significatifs après la naissance de leur enfant. Cette estimation grimpe jusqu’à 25 % entre le 3ème et le 6ème mois post-partum, période où le manque de sommeil, les changements relationnels et la pression du rôle pèsent le plus lourd.

Et pourtant, seulement un homme sur dix sera diagnostiqué. Pourquoi ? Parce que les symptômes sont méconnus, différents, parfois confondus avec du stress ou de la fatigue. Les hommes parlent moins, consultent moins, s’interrogent moins sur leurs émotions. Ils se taisent.

En comparaison, environ 12,5 % des adultes de 18 à 85 ans en France vivent un épisode dépressif chaque année. Ce chiffre grimpe à 22,9 % pendant les périodes de crise (comme en 2020), et atteint 20 % chez les 15-24 ans.

Dans certains pays comme l’Éthiopie ou les Philippines, les taux de dépression post-partum chez les pères peuvent atteindre 25 à 30 %, notamment dans les zones à forte précarité.

Des conséquences méconnues mais graves

La dépression paternelle a des effets tangibles :

* Diminution de l’implication parentale

* Conflits accrus dans le couple

* Risques de dépression maternelle augmentés (la détresse émotionnelle étant contagieuse)

* Impact sur le développement de l’enfant (attachement, acquisition du langage, troubles comportementaux)

Selon une étude publiée dans Journal of Child Psychology, les enfants de pères souffrant de dépression post-partum présentent davantage de troubles à l’âge de 3 ans.

Les facteurs de risque

Certains contextes prédisposent les pères à vivre un effondrement silencieux :

* Antécédents de troubles anxieux ou dépressifs

* Dépression ou baby-blues de la mère

* Isolement social

* Précarité économique

* Accouchement traumatique ou prématuré

* Perte de repères identitaires ("Qui suis-je maintenant que je suis père ?")

Ce sont autant de signaux faibles que les proches, les professionnels, mais aussi les entreprises et les institutions doivent apprendre à repérer.

Briser le silence : un enjeu urgent

Pendant trop longtemps, on a considéré la naissance comme un moment exclusivement féminin. Le rôle du père ? S’adapter, soutenir, faire preuve de patience. Mais qui soutient le père ? Qui l’écoute ? Qui lui dit que ses larmes ne sont pas un échec, mais un appel ?

C’est pour cette raison que j’ai conçu ma formation sur la dépression familiale et paternelle, p

our sensibiliser les professionnels de santé, les accompagnants, les couples eux-mêmes. Pour que l’on sache repérer, accueillir, orienter.

Sur ma chaîne YouTube, je publie des vidéos courtes et profondes, abordables et humaines, pour vulgariser ces enjeux et donner une voix à ceux qui n’osent pas.

Et dans mon livre, Le combat en silencieux, j’ai voulu aller plus loin. J’ai mis en mots l’invisible, j’ai raconté des histoires vraies, j’ai donné un nom à ces pères que personne ne voit.

Parce que les chiffres sont froids, mais les histoires sont brûlantes.

Et c’est en les entendant qu’on commence à soigner.

Gabriel Boco Coach/Formateur/Auteur